[Rétrospective] Mission au Bénin – Participation à la Foire ouest-africaine des semences paysannes

[Rétrospective] Mission au Bénin – Participation à la Foire ouest-africaine des semences paysannes

Du 4 au 12 avril 2023, Danielle (responsable du plaidoyer) et Cécile (responsable de la sensibilisation et mobilisation citoyenne) ont réalisé une mission au Bénin. Découvrez leurs objectifs et leurs premières impressions.

Quels étaient les objectifs de votre mission ?

L’objectif principal était de participer à la Foire ouest-africaine des semences paysannes organisée par la COASP (Coalition Ouest-Africaine des Semences Paysannes) du 9 au 11 mars afin de mieux connaître les enjeux autour des systèmes semenciers paysans dans la région d’Afrique de l’Ouest, en rencontrant des acteurs engagés pour la protection et la sauvegarde des semences paysannes. Nous avons également profité de cette mission pour aller à la rencontre de deux de nos partenaires au Bénin : Association Agro-écologique d’Action Communautaire  (AAGAC) et  le Réseau des Producteurs d’Ananas du Bénin (RÉPAB).

Qu’entendez-vous par semences paysannes ?  

Les semences paysannes sont des semences cultivées et multipliées dans les champs par les paysannes et paysans sur plusieurs générations grâce à la sélection humaine et les mécanismes d’évolution naturelle. Elles s’opposent aux semences industrielles obtenues par des processus et procédures industrielles et technologiques, produites à grande échelle et commercialisées par des grandes entreprises du secteur agro-chimique. Ces dernières sont sélectionnées pour des critères de rendement et d’uniformité ou pour répondre à des besoins spécifiques, tels que la résistance aux maladies ou la tolérance à certains produits chimiques, plutôt que pour leur adaptation aux conditions locales.

La production agricole de l’Union européenne étant largement industrialisée, les lois en vigueur sont conçues pour soutenir ce système de production et répondre aux besoins de l’industrie agricole, négligeant largement les droits des paysans. Les systèmes de semences et les connaissances traditionnelles des paysans n’ont pas été reconnus et ne bénéficient donc pas d’un soutien adéquat.

Quels sont les enjeux pour les semences paysannes ici en Europe ?

La réappropriation des semences paysannes par les acteur·rice·s de notre système agricole et alimentaire est primordiale. Elles reflètent l’identité culturelle des communautés et des terroirs et permettent l’autonomie paysanne face aux grands groupes des semenciers.

Nous avons un devoir et une responsabilité envers les semences. Nous devons les protéger et les préserver afin de garantir la richesse et la variété de nos repas, mais aussi pour sauvegarder leur patrimoine biologique et culturel de diversité.

Aujourd’hui nos systèmes alimentaires reposent largement sur l’utilisation des semences industrielles, et seulement 12 espèces végétales assurent les ¾ de notre alimentation mondiale. Depuis 1990, 75% des variétés comestibles ont disparu.

L’UE est actuellement en train de travailler sur une réforme européenne de la commercialisation des semences, il est important que cette nouvelle législation permette de conserver et protéger les systèmes des semences paysannes.

Que retenez-vous de la foire semences ?

Ces trois jours de rencontres et d’échanges ont rassemblé 291 personnes venant de 21 pays des continents africain et européen. Ce fut l’occasion de découvrir la diversité des espèces et variétés cultivées par les paysans à travers les 89 stands d’exposition de semences paysannes. Mais également de mieux comprendre l’enjeu majeur de protéger les semences paysannes à travers des espaces d’échanges de savoir et savoir-faire entre communauté paysannes.

Des partenaires de SOS Faim étaient présents, notamment FASAM Terre-verte qui présentait son projet de soutien à un mouvement de Femmes semencières à Falwel (Niger). FASAM Terre-verte accompagne ces femmes dans la production et la commercialisation des semences paysannes.

Ces rencontres inspirantes nous ont permis d’approfondir nos connaissances autour des enjeux semenciers dans différents pays et dans la sous-région. Les semences sont le passé, le présent et l’avenir de la vie ; elles doivent être protégées indépendamment de leur rentabilité car elles peuvent être porteuses de caractéristiques fondamentales, potentiellement utiles à l’avenir, comme l’adaptation au changement climatique.

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