« Pour la dignité paysanne », Deogratias Niyonkuru donne la parole aux paysans d’Afrique!

Le Burundais Deogratias Niyonkuru travaille depuis plus de 30 ans aux côtés des paysans africains. Il publie un ouvrage dans lequel il fait entendre leur voix, pour que l’Afrique invente sa propre voie de développement.
« Pour la dignité paysanne » c’est le titre d’un ouvrage publié par Deogratias Niyonkuru aux éditions du GRIP*. Un recueil de témoignages mais aussi une source de réflexion sur l’agriculture et la paysannerie en Afrique.
Deogratias Niyonkuru encourage les paysans à s’organiser pour mieux représenter leurs intérêts, qu’ils puissent sortir enfin de la pauvreté et aider le continent à se développer en fonction de priorités définies par les Africains eux-mêmes et non plus celles dictées par les institutions internationales et l’Occident.
Le 17 janvier 2018, Deogratias Niyonkuru,est venu au Luxembourg nous présenter son livre. Voici quelques extraits de son intervention qui devraient vous donner envie de lire…*:
« Le fatalisme est la cause principale de la pauvreté, avec l’exploitation. L’autre fléau, c’est la complaisance à l’aide, la dépendance. On a fait croire aux paysans que le développement, c’était de rattraper l’Occident, or l’amélioration des revenus n’est pas corellée à l’amélioration des conditions de vie. L’argent des campagnes repart toujours vers les villes (via la bière, les objets industriels, etc…)
Le fait de rester 10 ou 15 ans sur un territoire est plus important que de déverser beaucoup d’argent pour un programme pendant 2 ou 3 ans. Si on reste, lorsqu’on se trompe, on peut corriger et surtout, on agit sur les capacités humaines ; ce sont elles qu’il faut renforcer. Les OP sont devenues un canal obligé de la chaine de valeur, mais les OP ont une faible vision socio politique et ne touchent que 20% environ de la population rurale.
Les IMF : en milieu rural, elles n’ont pas fonctionné. Elles restent intéressantes pour financer les activités en aval, mais pas pour les activités d’exploitation agricoles. On assiste au pillage des pauvres par les riches à travers les IMF. Malgré leur poids électoral, les paysans n’ont pas de poids politique. Il faut des alliances Nord/ sud pour le plaidoyer.
Le combat actuel doit être de renforcer le soutien en faveur de l’agriculture familiale de préférence à l’agro-business. L’autre scandale, ce sont les importations : aujourd’hui les multinationales définissent les politiques agricoles en passant par les banques de développement et les agences qui encouragent en priorité les agropôles.
La dignité paysanne, c’est (…) la consommation responsable dans la solidarité entre les générations et les peuples, et non le pillage des ressources par les plus riches. Le modèle que nous prônons est celui des exploitations familiales intégrées (EFI), visant notamment la réduction des intrants externes. L’agroécologie ne signifie pas l’abandon total des intrants extérieurs ; il faut défendre le modèle agroécologique mais sans démagogie. »
*Cliquez sur ce lien pour commander « Pour la dignité paysanne » pour 25 € sur le site du GRIP.