Interview d’Oliver de Schutter : Comment rendre nos systèmes alimentaires plus sûrs et durables ?

Le 10 mars dernier, Olivier de Schutter était au Luxembourg pour participer à la conférence « Que mangerons-nous demain » ?
Olivier de Schutter, ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation (de 2008 à 2014), est depuis 2020 Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits humains.Il est professeur à UCLouvain (Belgique), et à Science Po (Paris) et co-président d’IPES FOOD, un panel d’experts sur la transition des systèmes alimentaires. ).
A l’occasion de sa venue au Luxembourg, il a donné une interview au Journal télévisé de RTL. Olivier de Schutter est également membre de SOS Faim. Découvrez ici la vidéo de l’interview.
Découvrez ici la vidéo de l’interview et des extraits retranscris ci-bas.
Extraits de l’interview
« On a des estimations qui à l’échelle mondiale conduisent à la conclusion qu’environ 12 / 13% des émissions à l’échelle mondiale viennent de l’agriculture en tant que tel, ce qui se passe à l’échelle de la parcelle cultivée mais les systèmes alimentaires en général, si on inclus toute la fabrication des pesticides et d’engrais, si on inclus la transformation des matières premières agricoles, la conservation tout a long de la chaine, l’empaquetage, le transport, c’est 30% des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine qui sont le résultat de nos systèmes agroalimentaires. Donc c’est très considérable. Et en allant vers des systèmes agroalimentaires qui sont plus économes en ressources, qui dépendant mois des énergies fossiles qui recourent bien plus à des méthodes agroécologiques, on peut très nettement diminuer l’impact de notre alimentation sur les émissions de gaz à effet de serre et on peut d’ailleurs beaucoup mieux préserver l’agro-biodiversité parce que celle-ci est très fortement menacée par le développement des monocultures depuis 50 ans ».
« On n’a pas le choix, on doit changer aujourd’hui. Vous savez, 20% de la population en Europe souffre d’obésité, on a depuis 30 ans 2/3 des exploitation agricoles qui ont disparu, parce qu’on ne soutient pas les exploitations de taille moyenne ou de petite taille. On a une érosion de la biodiversité qui est dramatique, on a une dépendance à l’égard du gaz et du pétrole pour notre production alimentaire terrible et c’est ça qui explique l’inflation des prix alimentaires aujourd’hui. On doit changer de modèle, nous n’avons pas le choix ».
« Et donc on a ce paradoxe, qu’il est beaucoup moins cher de manger mal, en nuisant à l’environnement, que de manger bien en récompensant les producteurs qui ont les bonnes attitudes. Et donc ceci doit changer. Et l’État peut le faire avec des outils fiscaux, avec des subventions qui ne sont plus simplement des subventions à l’hectare récompensant les économies d’échelle et donc il y a une responsabilité politique. Les gens ne vont pas changer spontanément si les signaux des prix ne changent pas ».