Éthiopie: témoignage d’une membre de Facilitators for Change

Comme toutes les femmes de son village, Enate Asmara dépend avant tout de sa production agricole pour nourrir sa famille. Disposant de 2ha de terres, elle est veuve depuis 15 ans et a dû remplacer son mari dans son rôle de chef d’exploitation et de famille. Si elle réussit à subvenir seule aux besoins de ses plus jeunes enfants ainsi que d’un orphelin qu’elle a recueilli, c’est grâce à son courage, mais aussi grâce à la coopérative Facilitators for Change (FC) à laquelle elle adhère depuis 2009 et qui a changé son quotidien !
A travers sa mission d’« accompagnateur » d’initiatives portées par les populations rurales, Facilitators for Change agit concrètement pour l’amélioration de la situation nutritionnelle des paysans en apportant de multiples services de proximité : « FC a participé à la construction des magasins de stockage et des bureaux de la coopérative. FC a aussi introduit de nouvelles semences et de nouvelles pratiques culturales en termes de multiplication des semences qui nous aident beaucoup. » Travailler avec la coopérative a permis à Enate de diversifier sa production et, tout en misant sur l’agriculture vivrière, de se lancer en même temps dans la production de piment pour cibler le marché local.
La création d’une dynamique collective pour les femmes
Au-delà de ces services très concrets, Enate voit les bénéfices apportés par la coopérative dans la dynamique créée : le Self-Help Group est une initiative de FC qui invite les femmes à se réunir pour se former et pour mobiliser l’épargne collectivement. « Je suis analphabète et je n’ai pas eu d’accès à l’éducation mais aujourd’hui, je suis des cours avec les autres femmes du village : pouvoir enfin écrire une lettre ou envoyer des sms facilite la vie et nous rend plus capables et plus sûres de nous ! », témoigne Enate.
A travers ces groupes de solidarité, les femmes des villages améliorent leurs connaissances des enjeux de santé, notamment tout ce qui concerne les règles d’hygiène dans la maison. Des formations pratiques leur permettent d’améliorer leurs habitudes en matière culturales, et aussi de faire des visites d’échanges : « tout cela nous donne des idées et nous ouvre à de nouvelles perspectives ! », se réjouit Enate.
Dans ces villages enclavés, l’accès à l’information comme à la formation demeurent rares, d’où la mission fondamentale de FC pour élargir les horizons et accompagner l’évolution de la société, parce que le monde est en transformation et que la société rurale éthiopienne ne veut pas rester en marge : « Depuis que FC est arrivé au village, nous avons pris conscience de l’importance de l’épargne et de celle de diminuer les frais liés aux fêtes religieuses. »
Pour le futur, la coopérative va s’appliquer à mettre en place une Union des coopératives afin que les paysans puissent bénéficier de prix plus rémunérateurs, « c’est un enjeu primordial désormais pour nous », explique Enate : « nous donner plus de poids face aux commerçants pour ne plus nous laisser imposer des prix sous le coût de production ! ».
La dynamique lancée par FC est amorcée pour que les paysans ne demeurent pas les éternels « marginaux majoritaires » mais que, dans la reconquête de leur dignité, ils réussissent à se nourrir eux-mêmes et, à moyens termes, au nom de la souveraineté alimentaire, à nourrir leur pays.