Le geste du mois n°10: je consomme avec sobriété

Le geste du mois n°10: je consomme avec sobriété

Près d’un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde alors que nous produisons assez de nourriture pour satisfaire les besoins alimentaires de l’ensemble de la population mondiale, soit 7,4 milliard d’êtres humains en 2016. 75% des personnes qui souffrent de la faim sont des paysans et leurs familles, principalement dans les pays en développement. Paradoxalement, en 2015, le monde  comptait 700 millions d’obèses et 1/3 de la nourriture destinée à la consommation humaine, l’équivalent de 1,3 milliard de tonnes, atterrissent chaque année dans nos poubelles.

On voit donc des inégalités se creuser à travers le monde. Les pays en développement peinent à assurer la sécurité alimentaire de leurs populations tandis que la nourriture ne pose généralement pas de problème dans les pays développés  si ce n’est des problèmes sanitaires (obésité, maladies cardiovasculaires,  cancers, etc.) liés à la surconsommation combinée à un manque d’activité physique dû à des modes de vie sédentaires.

Chez nous, manger n’a effectivement jamais été aussi facile. Vous êtes-vous déjà posé la question de combien de temps il vous faudrait pour faire votre burger maison de A à Z ? Un américain a tenté l’expérience en faisant pousser son blé, ses légumes, élever son poulet. Résultat : 6 mois et 1500 dollars.  « A ce prix-là j’espère au moins qu’il avait la dalle (…) pendant ce temps-là il a pu mourir de faim ».

On peut bien avouer que c’est quand même bien plus simple d’aller au drive-in du Macdonald pour déguster un Big Mac. On aurait quand même tort de s’en priver ! On pourrait toutefois se poser la question de savoir si on mange parce qu’on a faim ou parce que la nourriture est disponible tout le temps et n’importe où ?

Une chose est sûre, on mange trop ! On observe partout dans le monde (mais particulièrement en occident) l’explosion de l’obésité, des maladies cardio-vasculaires, des cancers, du diabète de type 2… Manger moins devient dès lors une nécessité !

Mais notre santé n’est pas la seule en danger à cause de notre surconsommation, il y a surtout celle de la planète. L’agriculture intensive a permis, au cours du XXe siècle, d’augmenter très fortement les rendements et par conséquence la production agricole, et de diminuer corrélativement les coûts de production. Pour augmenter leurs rendements, ces dernières décennies, l’agro-alimentaire a utilisé plusieurs techniques assez contestables : 9 fois plus de pesticides aujourd’hui qu’en 1960 ; OGM cultivés sur 10% des surfaces agricoles mondiales ; 95% des porcs et 83% des volailles sont élevés de manière industrielle.

Bien manger devient-il un luxe ? Sommes-nous en train de sacrifier la planète pour remplir nos assiettes ?

La contribution directe de l’agriculture industrielle au réchauffement climatique, à la perte de la biodiversité, à la dégradation des écosystèmes ainsi qu’à l’épuisement des sols démontre qu’il est impératif de changer notre modèle de production et de consommation alimentaire.

Pourquoi n’essayons nous pas plutôt d’acheter autrement ? Et si la solution était de consommer moins mais mieux ?

Revenons sur quelques gestes :

  • Les produits issus de l’agriculture biologique sont en règle générale plus chers. C’est toutefois à nuancer car des études montrent que les ménages qui se fournissent dans des magasins bio spécialisés ou directement chez le producteur consacrent moins d’argent en moyenne pour l’alimentation car ils sont plus proches de leurs besoins réels. Par ailleurs, acheter des produits locaux et de saison directement chez le producteur permet de faire des économies financières (nombre réduit d’intermédiaires) et énergétiques (transport). Acheter des produits locaux, de saison et bio directement chez le producteur c’est donc faire des économies tout en se rapprochant davantage de ses besoins réels.
  • La surconsommation de viande est néfaste pour la santé humaine. Les viandes rouges et transformées (charcuteries) ont été récemment classées par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CRC) comme substances cancérogènes. Il est vrai que la viande biologique est généralement plus chère qu’une viande industrielle. Alors pourquoi ne pas en manger moins mais de meilleure qualité en allant directement chez le producteur ?
  • L’exploitation intensive de nos océans met en péril l’écosystème marin indispensable à la vie sur terre et au maintien de la biodiversité et du climat. La solution ? Manger moins de poissons et des poissons issus de la pêche durable.
  • 1/3 de la nourriture destinée à la consommation humaine, soit 1,3 milliard de tonnes, atterrissent chaque année dans nos poubelles. Si nous jetons chaque jour des aliments dans nos poubelles c’est que nous devons en acheter trop ! Une solution pour faire des économies, lutter contre le gaspillage alimentaire et la faim dans le monde serait d’acheter moins mais de consommer mieux, sans déchets !

Tout au long de l’année nous vous avons présenté différents gestes simples et quotidiens pour réduire votre empreinte alimentaire. En ce mois de décembre, nous terminons l’année 2016 sur un geste qui résume bien la philosophie de notre campagne « Changeons de menu ! » et le message que nous voudrions vous faire passer : Je consomme avec sobriété selon le principe de « Consommer moins mais de meilleure qualité ».

Tout au long du mois de décembre nous partagerons avec vous des conseils, des informations, des  réflexions pour essayer de mettre en pratique ce principe de vie qui peut nous aider à tendre vers une « sobriété heureuse » [1]. A nous de jouer pour atteindre cette capacité à se contenter de peu mais à en profiter pleinement.

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[1] Terme emprunté à Pierre Rabhi

Article published in: @fr