Financer l’agriculture familiale: une clé du développement !

Les agricultures familiales ont un rôle majeur à jouer dans le développement et la sécurité alimentaire des pays du Sud mais les contraintes à leur développement restent importantes.

Pour se moderniser et se développer, ces agricultures ont besoin d’investir et, souvent, faute de ressources propres suffisantes, d’accéder à des services financiers adaptés : crédit, épargne, assurances…. Or ces services financiers restent déficients face à la demande énorme des agriculteurs.

Les éleveurs, les jeunes agriculteurs et les organisations paysannes sont particulièrement défavorisés dans l’accès au crédit.

Une offre non adaptée à la demande

Ces dernières années, la microfinance s’est particulièrement développée en milieu rural. Toutefois, l’offre en services financiers n’est pas adaptés au monde agricole pour diverses raisons:

  • Les volumes financiers disponibles pour le crédit à l’agriculture sont faibles au regard de l’ampleur de la demande et ils se concentrent sur du crédit de court terme;
  • Les crédits de moyen terme et de long terme font largement défaut;
  • Les taux d’intérêt proposés, notamment par la microfinance, sont souvent difficilement compatibles avec le niveau de rentabilité des activités agricoles familiales;
  • L’offre de services financiers est peu adaptée à la nature systémique des besoins de financement des agriculteurs familiaux qui combinent des productions agricoles vivrières et commerciales, différentes formes d’élevage et souvent des activités non agricoles ; les besoins de financement familiaux (sécurité alimentaire, école, santé, …) sont étroitement liés aux besoins productifs;
  • La méconnaissance et la méfiance restent grandes entre secteurs agricoles et financiers, entravant les efforts d’innovation.

Les “risques agricoles”, un frein pour les institutions financières:

Les aléas climatiques (sécheresses, inondations), sanitaires (attaques parasitaires), les risques économiques (systèmes financiers) et les risques familiaux (problèmes de santé, décès) sont tant de facteurs qui justifient la faiblesse des crédits octroyés à l’agriculture.

De nombreuses solutions existent pourtant pour diminuer ces risques.

L’accès aux services financiers pour sortir de la pauvreté:

Si la production est faible, l’agriculteur rentre dans un cercle vicieux de pauvreté dont il est dur de sortir. Les services financiers de crédits, épargnes et assurances peuvent transformer ce cercle et l’aider à sortir de la pauvreté.

En effet, le développement économique peut être perçu comme un cercle vertueux :

  • La production génère des revenus qui couvrent les besoins de l’unité écono­mique ;
  • Les surplus génèrent de l’épargne mobilisable pour faire face aux chocs mais aussi pour investir ;
  • L’investissement permet d’intensifier la production et de générer davantage de surplus.

Financer l’agriculture familiale est une clé du développement !

Avec ses nombreux clients potentiels, le financement agricole est pourtant une opportunité de développement pour les institutions financières qui ont pourtant du mal à y investir.

C’est pourquoi, SOS Faim œuvre depuis de nombreuses années à renforcer le dialogue entre les organisations paysannes (OP) et les institutions financières, à produire des outils d’appui et de capitalisation sur ce thème, et à soutenir directement des OP dans leur accès aux services financiers.

Au Bénin, le Réseau national des caisses villageoises et de crédit autogéré (RENACA) s’engage dans le financement agricole avec le soutien de SOS Faim.

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[Communiqué de presse] Des entreprises luxembourgeoises demandent une loi nationale en matière de droits humains et de l’environnement.

Dans le contexte des débats actuels sur l’adoption d’une loi luxembourgeoise sur la diligence raisonnable en matière de droits humains et environnement, 32 entreprises de 8 secteurs économiques différents s’expriment en faveur d’une législation nationale pour une diligence raisonnable en matière de droits humains et de l’environnement. L’Union luxembourgeoise de l’économie sociale et solidaire (ULESS) regroupant plus de 200 acteurs économiques avec 20.000 employés fait également partie des signataires d’une déclaration lancée par l’Initiative pour un devoir de vigilance.

Le groupe des entreprises luxembourgeoises adhérant à cette déclaration se compose de petites et moyennes entreprises mais également de grandes entreprises dont le chiffre d’affaires s’élève à plusieurs millions d’euros.

L’appel pour une législation en faveur d’une diligence raisonnable obligatoire en matière de droits de l’homme et de l’environnement est le suivant :

 « Selon les principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme, les entreprises ont la responsabilité de respecter les droits humains, y compris dans leurs chaînes de valeur. Certaines entreprises ont déjà pris des mesures pour mettre en œuvre cette responsabilité. L’expérience a toutefois montré que les engagements volontaires ne suffisent pas à eux seuls. Il est nécessaire que la diligence raisonnable obligatoire soit mise en œuvre de manière adéquate par tous.

Une législation sur la diligence raisonnable en matière de droits humains et de l’environnement contribuerait effectivement à créer à la fois une sécurité juridique et des conditions de concurrence équitables (“level playing field”). Elle garantirait que tous les acteurs économiques sont tenus de respecter les mêmes normes et qu’aucune entreprise ne peut se soustraire à ses responsabilités sans conséquences ou réaliser des bénéfices au détriment de personnes et de la nature. Aujourd’hui, les employés, les clients, les investisseurs et le grand public attendent que les entreprises assument cette responsabilité.

Nous saluons si le Luxembourg mette en place une législation nationale en faveur d’une diligence raisonnable en matière de droits humains et de l’environnement qui ouvrira la voie à une réglementation ambitieuse au niveau européen. »

Par cette déclaration, des acteurs économiques au Luxembourg se joignent aux demandes de la société civile et de la population résidente : selon une étude TNS-ILRES, réalisée récemment, 92% de la population résidente soutient l’idée d’adopter une loi nationale qui demanderait aux entreprises ayant leur siège au Grand-Duché de prendre des mesures afin d’éviter les violations des droits humains au niveau de leurs chaînes d’approvisionnement.

Au niveau du secteur financier qui constitue le pilier principal de l’économie luxembourgeoise, on constate également le développement d’une dynamique en faveur de normes législatives. L’étude récente de Finance and Human rights asbl réalisée en collaboration avec l’Université de Genève pour le compte de « Luxembourg for Finance » confirme cette évolution. Les experts financiers de l’industrie disent en majorité que « le respect des droits humains ne doit pas être laissé aux seules initiatives volontaires et que les gouvernements doivent fixer des normes juridiques claires ». Jusqu’à 75% des experts financiers estiment que les gouvernements doivent jouer un rôle dans la promulgation d’une législation sur les droits humains.

Cette dynamique luxembourgeoise se retrouve aussi dans plusieurs pays européens où des entreprises appellent leurs gouvernements respectifs à mettre en place des législations pour rendre la diligence raisonnable en matière de droits humains obligatoire. Par exemple, en Allemagne, 71 entreprises ayant un chiffre d’affaire annuel de 175 milliards euros et provenant de 10 secteurs économiques différents ont aussi signé un appel pour une loi nationale.

Au Luxembourg, une étude de l’Université de Luxembourg commanditée par le Ministère des Affaires étrangères et européennes est en train de se faire sur la possibilité de légiférer sur le devoir de diligence pour la mise en œuvre des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits humains. Dans le plan d’action national 2020-2022 « Entreprises et droits humains », le gouvernement déclare qu’il attend de la part des entreprises le plein respect des droits humains. Cet appel des entreprises luxembourgeoises est un pas important au niveau d’une responsabilisation du monde économique au niveau des chaines de valeur dans un monde globalisé.

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[Décès] Repose en paix, Bernard

Ce 21 février à Amiens, Bernard Njonga nous a quittés.

Avec son décès, ce sont les paysans camerounais et africains, les acteurs du développement rural et tous les militants pour une plus grande justice économique et sociale qui se retrouvent orphelins.

Fondateur du SAILD, du journal La Voix du Paysan, de l’ACDIC et plus récemment du parti politique le CRAC (Croire au Cameroun), Bernard était un visionnaire au franc-parler légendaire. Quelqu’un qu’on écoute, dont on apprend, qui inspire.

Membre de SOS Faim, il va aussi beaucoup nous manquer.
Nous présentons toutes nos condoléances à sa famille et à ses proches.
Repose en paix, Bernard, et merci pour tout.

Avis de la plateforme “Meng Landwirtschaft”

La plateforme  “Meng Landwirtschaft” fait part de son avis au sujet des recommandations de la Commission européenne concernant la stratégie du Plan luxembourgeois en relation avec la PAC : L’agriculture luxembourgeoise loin des objectifs durables

Pressemitteilung

Stellungnahme von “Meng Landwirtschaft” zu den Empfehlungen der EU-Kommission zu dem GAP- Strategie Plan Luxemburgs.

Luxemburgische Landwirtschaft weit von nachhaltigen Zielen entfernt

Luxemburg, den 8. Februar 2021. Die EU-Kommission beanstandet in ihrem Bericht [1] einige Versäumnisse in der Luxemburgischen Landwirtschaft und macht grundlegende Empfehlungen, die im Rahmen der neuen Agrarpolitik (GAP 2021 – 2027) umzusetzen sind.

Insbesondere wird die starke Spezialisierung der Betriebe auf Milch- und Fleischvieh hervorgehoben. Im Jahr 2019 machte die Tierhaltung nicht weniger als 76,3 % des landwirtschaftlichen Produktionswertes in Luxemburg aus. Die Kommission befürchtet, dass diese Tatsache im Kontext der unausweichlichen, zukünftigen Umstellung zu nachhaltigen Produktionsmethoden und -systemen besonders herausfordernd sein wird.

Gleichzeitig ist ein klarer Rückgang der Wertschöpfung der luxemburgischen Bäuerinnen und Bauern in der Nahrungsmittelkette zu vermerken – sie ist eine der niedrigsten in der EU.

Die schlechte Klimabilanz ist dem hohen Viehbestand geschuldet und beläuft sich auf mehr als das Doppelte von Treibhausgasen vom  EU-Durchschnitt. Während die Emissionen von Methan (CH₄) und Lachgas (N₂O) in der EU in den letzten drei Jahrzehnten deutlich zurückgegangen sind, stagnierten sie in Luxemburg, beziehungsweise stiegen sogar an. Die Emissionen pro Hektar landwirtschaftlicher Nutzfläche sind in Luxemburg mehr als doppelt so hoch wie im EU-Durchschnitt. Auch bei den Ammoniakemissionen liegt Luxemburg weit vorn: Über 90% dieser Emissionen kommen aus der Landwirtschaft und belasten Luft und Wasser. Die EU-Kommission spricht eine deutliche Warnung aus, dass diese Werte nicht mit den Reduktionszielen bis 2030 kompatibel sind und ebenso wenig mit den Zielen des Green Deal’s. Nicht zuletzt riskiert Luxemburg die Ziele der Farm-to-Fork- sowie der Biodiversitätsstrategie zu verfehlen. 

Weiterhin beanstandet die EU-Kommission die hohen Phosphat- und Nitratwerte in den Gewässern. Der Zustand der Biodiversität und der landwirtschaftlichen Flächen als Lebensraum wird als kritisch beschrieben: Nur 16% des Grünlandes haben einen guten Erhaltungszustand (laut Habitat Direktive) und im Ackerland fehlen weitestgehend biodiversitätsfördernde Landschaftsstrukturen. An dieser Stelle bemängelt die Kommission, das trotz der vertraglichen Schutzprogramme für 89% der landwirtschaftlichen Fläche (Landschaftspflegeprämie, u.a.) Biodiversität, Wasser und Boden nicht ausreichend geschützt werden. Es wird sich auch klar ausgesprochen den Biolandbau zu fördern und effiziente Anreize zu schaffen damit mehr Bäuerinnen und Bauern umstellen. Aktuell sind nur 4,6% der Fläche in Luxemburg bio-zertifiziert, gegenüber 8% im EU-Durchschnitt.

Die Kritik der EU-Kommission an der luxemburgischen Landwirtschaft und auch deren Empfehlungen werden seitens Meng Landwirtschaft weitgehend geteilt, jedoch muss man auch betrachten, dass gerade die EU-Kommission, der Agrarministerrat und auch das EU-Parlament weiterhin eine desaströse Landwirtschaftspolitik betreiben und der Vergleich mit EU-Durchschnittswerten auch nicht ausreicht eine Kehrtwende in einem Mitgliedstaat herbeizuführen. Dies zeigt sich z.B. auch darin, dass die Kommission geringfügige Verbesserungen in Luxemburg sieht, z.B. in der Kompetitivität durch die durchschnittliche Vergrößerung der Betriebe (59,3 ha 2010 auf 70,3 ha 2019), einer der höchsten Werte in ganz Europa! Die ökonomische Realität der Betriebe ist dennoch durchwachsen. Der Strukturwandel der luxemburgischen Landwirtschaft fördert weder die kleinbäuerliche Struktur noch die “nachhaltige” Einkommenssicherung der Landwirte (beides Ziele der Agrarpolitik Luxemburgs).

Luxemburg ist aufgefordert den nationalen “CAP Strategic Plan” anzupassen und die aktuellen Unzulänglichkeiten endlich anzupacken, wie dies schon seit geraumer Zeit von Meng Landwirtschaft [2] gefordert wird, und dies in einem ganzheitlichen Kontext. Sollte dies nicht geschehen, könnten harte Geldstrafen wegen Nichteinhaltung verpflichtender EU-Bestimmungen drohen. Wir fordern die luxemburgische Regierung auf, die aufgeführten Empfehlungen ernst zu nehmen und die Bäuerinnen und Bauern mit einer kreativen und entschlossenen Politik zu unterstützen.  

Kontakt:
Mathieu Wittmann
Koordinator Meng Landwirtschaft
natur&ëmwelt a.s.b.l.
m.wittmann@naturemwelt.lu
Raymond Aendekerk
Greenpeace Luxembourg
raymond.aendekerk@greenpeace.org

Quellen:
[1] Europäische Kommission (2020). Commission recommendations for Luxembourg’s CAP strategic Plan. Verfügbar unter:
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=CELEX%3A52020SC0385
[2] Meng Landwirtschaft (2017). Landwirtschaft 2.0: Ein Plädoyer für die Ausrichtung der luxemburgischen Landwirtschaft. Verfügbar unter:
http://www.meng-landwirtschaft.lu/fileadmin/files/meng-landwirtschaft/20180228_MENG_LWS_Web.pdf

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[Communiqué de presse] Local ou importé: quelle est l’option la plus durable pour le lait au Sahel ?

« Résultat de la campagne N’exportons pas nos problèmes : des parlementaires européens commandent une étude sur les impacts des exportations européennes de lait vers l’Afrique de l’Ouest. Le Cirad, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, a réalisé cette étude.

Deux chercheurs du Cirad ont présenté, le 8 décembre devant des députés du Parlement Européen, un rapport sur les impacts environnementaux et socio-économiques des exportations européennes de poudres de lait vers l’Afrique de l’Ouest. L’étude* consiste en une analyse comparative entre lait local et laits en poudre importés – entier et mélanges enrichis en matière grasse végétale (MGV) – selon des critères tels que le revenu, l’emploi, le développement rural, la sécurité nutritionnelle et la préservation de l’environnement. Elle amène les auteurs à formuler plusieurs recommandations à destination des acteurs des filières.

« Pour les pays du Sahel, la vente de lait constitue un moyen de renforcer les conditions de vie de millions de familles d’éleveurs pastoraux et agro-pastoraux. Or, l’accès aux débouchés commerciaux pour ces éleveurs est contraint par la concurrence accrue des importations de poudres de lait », annonce le résumé du rapport.

Seuls 1 à 7 % du lait local est collecté en Afrique de l’Ouest

Selon cette étude du Cirad, les importations de poudre de lait représentent l’essentiel de la matière première utilisée par les industries laitières locales. Seules 20 % des laiteries implantées en Afrique de l’Ouest collectent du lait local . Cette collecte industrielle de lait ne concerne que 20 000 familles d’éleveurs, alors que « le potentiel du marché est énorme » selon Guillaume Duteurtre, co-auteur de l’étude. Les industriels doivent en effet répondre à une demande locale qui s’accroît rapidement. Au total, selon les pays, seulement 1 à 7 % du lait produit localement est collecté. Le reste est autoconsommé ou commercialisé sur les marchés ruraux.

Ce poids écrasant des importations laitières dans les circuits industriels en Afrique de l’Ouest s’explique d’abord par les difficultés de collecter du lait en zone agro-pastorale. Les laiteries font face à l’absence d’infrastructures de transport, à la dispersion des troupeaux liée à la mobilité pastorale, et aux faibles rendements laitiers par vache. « Mais surtout, la part des importations de poudres a été renforcée depuis 10 ans par la baisse des barrières douanières ouest-africaines , et par un regain de dynamisme des exportateurs du Nord », précise Christian Corniaux, chercheur au Cirad, co-auteur du rapport.

Exportation à faible coût de poudres de lait enrichis en matière grasse végétale (MGV)

De nombreuses firmes européennes exportent des produits laitiers enrichis en matière grasse végétale, autrement appelées « mélanges MGV ». Ces poudres lactées, 30 % moins chères que les poudres de lait , utilisent pour la plupart de l’huile de palme. Elles entrent quasiment sans droits de douane (5 %) à leur entrée sur le marché commun ouest-africain. En 2019, elles ont représenté plus des deux tiers des importations laitières ouest-africaines, et plus de 25 % de la consommation de « produits laitiers » (plus de 70 % dans la plupart des capitales ouest-africaines).

Si ces poudres lactées ont par le passé permis aux industries laitières locales de répondre efficacement à la demande croissante en produits laitiers en Afrique de l’Ouest, elles ont cependant eu des impacts socio-économiques négatifs. Le rapport pointe en particulier le manque de transparence et de traçabilité des mélanges MGV européens exportés en Afrique de l’Ouest, ainsi que sur leurs effets délétères sur le développement local d’une filière lait de qualité et durable .

Faire évoluer les pratiques d’étiquetage et les nomenclatures des produits à base de poudres enrichies

Le rapport indique qu’environ 30 % des produits à base de mélanges MGV consommés en Afrique de l’Ouest ne répondent pas aux normes du Codex en matière d’étiquetage .

« Les poudres MGV sont constituées à 30 % d’huile de palme , indique Christian Corniaux. Or, les informations indiquées sur les emballages n’en font pas forcément état. Les produits élaborés à partir de ces mélanges sont vendus sous le nom de « lait » ou de « yaourt », ce qui est contraire aux recommandations du Codex. Ces pratiques génèrent des risques de tromperies, et les confusions entre produits laitiers et produits de substitution sont fréquentes. »

Pour ces raisons, les auteurs du rapport suggèrent que les nomenclatures des produits utilisées différencient plus clairement les produits à base de mélanges. Il s’agit pour les responsables et régulateurs du commerce international de respecter des impératifs de traçabilité et de transparence .

Encourager les démarches responsables des firmes européennes

Alors que les mélanges MGV semblent offrir un débouché à un composant bon marché (l’huile de palme est 13 fois moins cher que l’huile de beurre), ils n’intègrent pas d’huiles à haute valeur environnementale, comme certaines huiles de palme certifiées. A contrario, les systèmes d’élevages ouest-africains valorisent des écosystèmes naturels très riches en biodiversité . Ces systèmes génèrent par ailleurs moins de gaz à effet de serre, et consomment moins d’énergie fossile , que les systèmes d’élevage laitiers européens.

Sans remettre en question l’importance de l’approvisionnement en produits laitiers d’une zone déficitaire telle que l’Afrique de l’Ouest, les scientifiques soulignent les bienfaits d’une stratégie responsable de la part entreprises européennes .

« L’écoulement de ces mélanges MGV ne doit pas se faire au détriment du développement des filières laitières africaines , souligne Guillaume Duteurtre, co-auteur de l’étude. L’Afrique de l’Ouest est riche d’une culture laitière pastorale basée sur de nombreux produits et savoir-faire laitiers, qui sont aujourd’hui très largement sous-valorisés. »

Cibler des mesures fiscales et d’incitation à la collecte de lait local

Le rapport conclut sur des exemples de mesures fiscales et incitations à la collecte locale susceptibles de dynamiser la filière. Notamment, rendre le lait en poudre importé moins attractif pour les industriels, ou encore favoriser la contractualisation et les partenariats entre laiteries et producteurs locaux .

*L’étude a été commandée par un groupe de députés européens, en réponse à une coalition d’ONG et d’organisations professionnelles (VSF Belgique, SOS Faim, Oxfam, CFSI, Gret, APESS, UMPL-B, etc.)

Source : https://www.cirad.fr/actualites/toutes-les-actualites/communiques-de-presse/2020/importations-poudres-lactees-afrique-de-l-ouest

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[Article] lequotidien.lu – SOS Faim : «Migrer, c’était une nécessité de survie» pour les Nigériens.

Découvrez l’article paru sur lequotidien.lu en date du 31 décembre 2020. Celui-ci a été rédigé suite à l’interview de Marine Lefebvre, notre responsable du service Information et responsable Plaidoyer.
Il relate, comme le titre l’indique, les problématiques liées aux mesures de gestion des flux migratoires.

Cet article est paru deux jours avant l’annonce du terrible massacre survenu au Niger dans lequel 100 personnes ont perdu la vie. Deux villages de l’ouest du Niger, situés à environ 120 kilomètres au nord de la capitale, Niamey, ont en effet été attaqués.

SOS Faim : «Migrer, c’était une nécessité de survie» pour les Nigériens.

Pour SOS Faim, les mesures de gestion des flux migratoires, soutenues par l’UE, ont des conséquences dramatiques tant pour les migrants que pour les populations locales dans le nord du Niger.

Porte d’entrée entre l’Afrique de l’Ouest et le Sahara, le Niger est depuis tout temps un carrefour migratoire. « Dans ces régions très arides où la vie n’est pas tenable douze mois sur douze, nous ne sommes pas dans un contexte de sédentarité, mais de transhumance. De plus, les frontières telles que nous nous les connaissons existaient peu et les gens avaient pour habitude de se déplacer à l’intérieur de cette vaste zone pour chercher du travail, notamment jusqu’en Algérie ou en Libye. C’était une nécessité de survie », expose Marine Lefebvre, responsable du service communication de SOS Faim Luxembourg qui a noué depuis 2016 un partenariat avec une ONG locale de défense des droits humains, Alternative espaces citoyens.

Un droit à la libre circulation complètement bouleversé aujourd’hui et dont les conséquences sont dramatiques, principalement du fait de l’Europe et sa politique d’externalisation des frontières, qui octroie des moyens au Niger pour gérer les flux migratoires et éviter que ses ressortissants ne finissent par franchir la Méditerranée. À la suite du sommet de La Valette sur la migration de 2015 qui a réuni dans la capitale maltaise les dirigeants de l’UE et les chefs d’État africains, l’UE, sous couvert d’aide au développement, a en effet surtout souhaité imposer dans ces pays sa politique sécuritaire.

«Détentions arbitraires et de tortures»

Résultat : le Niger a adopté une loi (la loi 2015-036) relative au trafic illicite des migrants qui se traduit dans la pratique par l’application de mesures répressives à leur encontre, comme l’explique Marine Lefebvre : « Les migrants et ceux qui les transportent sont criminalisés. Or c’était un vrai métier de transporter les gens en camion. Donc, non seulement, certains perdent leur gagne-pain, mais ceux qui veulent quand même traverser la frontière évitent Agadez, la porte du Sahara, et empruntent des routes plus dangereuses. Ils passent désormais par des zones désertiques plus grandes où ils mettent leur vie en danger, mais aussi dans des zones dévolues aux bandes armées et aux terroristes. Beaucoup de témoignages font en outre part de détentions arbitraires et de tortures. »

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), liée aux Nations unies, déclarait ainsi l’an passé avoir secouru environ 20 000 migrants dans le désert du Sahara depuis 2016. Autre signe de cette insécurité permanente dans la zone : en septembre dernier encore, un charnier de 71 personnes a été découvert à Tillabéri, dans le nord-ouest du pays.

Quant aux autorités algériennes, elles refoulent ceux qui ont réussi à passer et les déposent à un «point zéro» situé à la frontière du Niger. « Charge à eux de rejoindre à pied la première ville nigérienne qu’ils trouvent. Le principe de non-refoulement n’est absolument pas respecté. Certains migrants parviennent à retourner à Agadez, mais cela accentue encore la pression sur les services publics et détériore les conditions de vie de tout le monde. Il n’y a plus de petits boulots disponibles. Certains se tournent donc vers les mines aurifères, véritables zones de non-droit où ils sont alors exploités, voire assassinés. Dans un contexte où cette circulation est nécessaire, son interdiction a entravé toute la mobilité de quantité de populations qui n’ont pas d’autres accès à la survie ! C’est une approche qui fragilise la stabilité et l’économie de toute la région », s’insurge Marine Lefebvre.

Insécurité renforcée

Cette législation va pourtant à l’encontre non seulement des droits humains mais aussi d’autres conventions, comme le traité de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui permet depuis 1979 la libre circulation des personnes. Surtout, si les flux migratoires vers l’Europe ont effectivement diminué, « proportionnellement aux gens qu’on entrave, ces mesures ne sont pas significatives. L’immigration à l’échelle internationale, c’est 3 % des migrations seulement, l’essentiel des migrations est intrarégionale », affirme Marine Lefebvre.

Même le Parlement européen dénonce cette politique d’externalisation des frontières. Dans sa «Mise en œuvre du nouveau cadre de partenariat avec les pays tiers – Le cas du Niger», publié en 2019, le service de recherche du Parlement affirme que «la diminution des flux migratoires [qui résulte de la coopération entre l’UE et Niamey], applaudie par les partenaires européens, a des conséquences néfastes sur l’économie locale centrée sur le fait migratoire. La crise économique menace les équilibres fragiles des ethnies du Sahara entre elles ainsi qu’avec le gouvernement central et renforce l’insécurité, tant pour les migrants victimes des abus que pour la population locale, encore plus fragilisée.»

«Le Parlement européen a mis en garde dès 2017 contre une vision trop étroite et à court terme de la politique externe de l’UE et contre le risque de détourner les fonds de la politique du développement vers les objectifs purement sécuritaires, en plaidant pour une approche de la migration centrée sur les droits de l’homme», peuton encore lire dans ce rapport. D’après Oxfam, sur les 253 millions d’euros du fonds fiduciaire de l’UE pour l’Afrique, 122 millions ont été affectés au contrôle des migrations.

Tatiana Salvan

Retrouvez l’article ici : https://lequotidien.lu/politique-societe/sos-faim-migrer-cetait-une-necessite-de-survie-pour-les-nigeriens/

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IDEAL : pour une alimentation responsable chez nous !

Parce que la lutte contre la faim passe aussi par notre assiette, SOS Faim a décidé d’investir dans des initiatives citoyennes alternatives au Luxembourg, à travers son programme IDEAL (Investir pour le développement d’alternatives au Luxembourg). Ces investissements prolongent la campagne de sensibilisation www.changeonsdemenu.lu. A ce jour, SOS Faim a investi 75.000 EUR dans les coopératives TERRA (www.terra-coop.lu), OUNI (www.ouni.lu), EPISOL (www.eisepicerie.lu), KILOMINETT0 (www.transition-minett.lu) et ALTERCOOP (www.altercoop.lu), à hauteur de 15.000 EUR dans chaque coopérative. En devenant coopérateur de ces petites sociétés, SOS Faim complète ainsi les investissements de centaines de particuliers sensibles à une alimentation locale, biologique et de saison. Alors que la crise sanitaire fragilise ces initiatives, elles ont plus que jamais besoin de nous !

Zoom sur Alter’Coop.

En 2018, une poignée d’acteurs de la Transition au Luxembourg a décidé de créer à Luxembourg un « supermarché coopératif et participatif » pour répondre à leurs besoins. Pouvoir consommer mieux, favoriser la production locale, faire du bien à la planète tout en faisant du bien à son porte-monnaie.

Les missions d’Alter’Coop se situent à deux niveaux :

Sociales : Le prix des parts de la coopérative est sensiblement réduit pour les coopérateurs les moins aisés. Notre volonté est de permettre au plus grand nombre d’avoir accès à une alimentation plus saine en proposant des prix qui le permettent.

Environnementales : L’ambition de limiter notre impact sur la planète en proposant des produits biologiques ou issus de circuits courts, limitant ainsi émissions de gaz à effets de serre et utilisation de produits phytosanitaires

La coopérative fonctionne autour de 4 objectifs :

  • Proposer des produits de qualité à un meilleur prix.
  • Favoriser l’accessibilité financière aux produits Locaux et Biologiques pour tous.
  • Proposer une offre la plus complète possible de produits (pouvoir faire toutes ses courses chez Alter-coop)
  • Un projet social et environnemental, développé et porté par ses membres

Comme vous l’avez lu, l’un des objectifs est de proposer une offre la plus complète possible de produits. Dans ce sens, chez Alter’Coop, vous pourrez trouver :  jus, vins rouge italiens, bières, savons de chez ArtSavon à Kayl, produits d’entretien, cafés du Moulin de Dieschbourg, thés, pâtes Biog et de chez Maxim à Esch, quinoa, riz, légumes en conserves, chips, farines, chocolats GEPA, cookies, Madeleines, l’huile d’olive grecque d’un petit producteur, du lait avec et sans lactose, du papier toilette, du savon d’alep, des pâtes sans gluten, les confitures eppelpress, du pain de fleurs, œufs, parmesan, le jus de pommes et les vins de chez Fru, pâte à tartiner sans huile de palme et pop-corn.  

N’hésitez pas à y aller faire vos courses. C’est bon pour votre porte-monnaie, pour la planète et pour soutenir le projet qui démarre !

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Niger – L’agriculture en débat

Séminaire 2020 organisé par AEC – Alternative Espaces Citoyens. Brèves informations.

Chaque fin d’année, l’association AEC organise un séminaire des leaders de la société civile et des organisations paysannes afin de mettre en débat les enjeux stratégiques du secteur agro-sylvo-pastoral, les entraves à l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations rurales, sans oublier la problématique du financement public de ce secteur.

L’édition 2020 de ce séminaire s’est inscrite dans le contexte des échéances électorales de fin d’année et a été placée sous le thème : Placer les droits fondamentaux du monde rural au cœur de l’agenda électoral de 2020-2021.

Durant trois jours, du 4 au 6 décembre, les participants, au nombre d’une centaine, ont pu débattre de différents sujets tels que : « Principaux droits des paysans et enjeux de leur mise en effective » ; « Changement climatique et sécurité alimentaire et nutritionnelle » ; « Changement climatique et agroécologie » ; « Évolution du financement des secteurs sociaux (santé, éducation) de 2016 à 2021 » « Regard critique sur l’évolution du financement du secteur de l’agriculture et de l’élevage de 2016 à 2021 ».

La spécificité de l’année 2020 a concerné l’audition d’une dizaine de candidats aux élections présidentielles et législatives du 27 décembre prochain. Dans l’après-midi du vendredi 4 décembre 2020, de 16h à 20h00, les paysans et paysannes présents ont pu poser leurs questions directement aux candidats et les interroger sur leur vision et leurs priorités en matière de développement du secteur agro-sylvo-pastoral.

Cette contribution de l’association Alternative Espaces Citoyens au débat public et démocratique, malheureusement trop rare dans nombre de pays de la sous-région, montre, si besoin en était, toute la crédibilité de l’association pour jouer son rôle d’acteur de la société civile utile et responsable.

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Malgré la crise le combat continue: un nouvel appui en microfinance au Mali

Au Mali, la population fait face à de nombreuses crises successives : politique, économique, alimentaire, sécuritaire. C’est sans compter les effets redoutés de la pandémie du coronavirus qui vient fragiliser davantage la situation socio-économique de la population. La sécurité alimentaire au Mali est préoccupante : plus de 3 millions de personnes sont concernées dont un million en insécurité alimentaire grave.

Le secteur agricole occupe 65% de la population mais ne contribue qu’à environ 38,5% du PIB du pays. Ceci traduit les faibles performances de l’activité agricole, principale cause de pauvreté. Le potentiel agricole du Mali est pourtant colossal et pourrait largement contribuer à la lutte contre la faim. Malheureusement, ce potentiel n’est pas exploité comme il pourrait l’être, faute de capacités techniques et organisationnelles, mais surtout faute de moyens.

Le réseau des caisses villageoises d’épargne et de crédit autogérées (CVECA)

Malgré le contexte difficile, afin de renforcer les activités agricoles au Mali, SOS Faim a développé un nouveau partenariat avec le réseau des caisses villageoises d’épargne et de crédit autogérées (CVECA) dans la région ‘Office du Niger’ (ON) au Mali.

Le réseau des CVECA-ON/Ségou a des caisses dans 64 villages au Mali. En partenariat SOS Faim appuie le réseau dans sa stratégie d’extension et de décentralisation pour ouvrir deux nouvelles caisses villageoises dans les villages de Touna (37.000 habitants) et de Konobougou (48.377 habitants).

Le potentiel de la région est immense. Paradoxalement, l’activité économique a du mal à se développer. Mais alors pourquoi? Deux obstacles majeurs semblent se dessiner:

  • L’accès difficile au crédit;
  • Le manque de fonds de roulement.

En quoi ces caisses changeront la vie des gens?

Le manque d’opportunités économiques de la région pousse les jeunes à migrer vers la ville, vers d’autres pays en quête d’un avenir meilleur. Les deux caisses financées par SOS Faim contribueront à donner un avenir aux villageois sur leurs terres, notamment les jeunes.

En l’absence d’option formelle pour déposer ou épargner leurs avoirs, la population se voit obligée de les cacher avec les risques que cela comporte,
au vu de la situation sécuritaire de la région. Selon une enquête, les intentions de dépôts d’épargne de la population locale varient entre 7€ et
200€ par ménage. Les caisses permettront de sécuriser la précieuse épargne des villageois.

Un exemple concret: dans la région, les femmes récoltent les fruits du karité. Organisées en groupements solidaires, elles pourraient ouvrir des unités de transformation, produire du beurre de karité et le vendre sur le marché. Actuellement, le manque de moyens les empêche de pouvoir se lancer dans une telle activité de transformation qui permettrait d’augmenter significativement le revenu de la famille. Grâce aux caisses, ce ne sera plus le cas.

Enfin, l’accès au crédit permettra aux agriculteurs de se fournir en intrants, en semences et en petits outillages nécessaires en début de campagne agricole.

Comment fonctionne une caisse?

Les caisses rurales sont encadrées par un «comité
de gestion» constitué de cinq membres de la population locale et d’un technicien de l’institution de microfinance. Ce comité évalue les demandes de crédit. Étant donné son ancrage local, ses membres connaissent chaque demandeur et sa capacité de paiement, ce qui explique la grande réussite des crédits en termes de remboursement. Les crédits octroyés varient entre 150€ et 4.000€ sur une durée de 6 à 36 mois.

Un monde sans faim est possible grâce à une agriculture locale, familiale et durable.

Au Mali, avec ce nouveau partenariat, nous accompagnons les villageois à investir dans leur avenir à travers l’épargne et le crédit

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