Burkina-Faso: le micro-crédit change la vie des femmes
L’UBTEC est une institution de microfinance mutualiste « classique » qui fonde l’octroi de ses crédits sur l’épargne collectée auprès de ses membres. Mais, très vite, notre partenaire s’est rendu compte qu’il ne touchait pas les personnes les plus vulnérables : les femmes rurales. D’où l’idée de créer les Mutuelles de Solidarité (MuSO).
Les MuSO sont de toutes petites caisses villageoises d’épargne et de crédit gérées de façon autonome par un groupement de 10 à 20 femmes. Elle regroupe des habitants qui se connaissent, se font confiance et décident de résoudre solidairement leur problèmes en mettant ensemble un peu d’argent de côté pour financer un projet.
Ainsi, chaque membre (pour la plupart des femmes) cotise des petits montants chaque mois et quand la caisse atteint un certain volume, un membre peut bénéficier d’un crédit à tour de rôle. Un système de gestion des caisses se met petit à petit en place, avec l’appui de SOS Faim : cahiers de gestion, caissettes… Une équipe de l’UBTEC anime également le réseau des MuSO (animatrices sur le terrain, cadres techniques…), facilite sa bonne gouvernance et sa croissance.
Grâce à ce dispositif de microfinance, 5 383 femmes sont aujourd’hui réunies au sein de 520 MuSO. Ensemble, elles épargnent (9 EUR en moyenne par femme seulement) et investissent dans une activité économique liée à l’agriculture ou l’élevage.
Marthe a 32 ans et vit dans le village de Tallé au Nord du Burkina Faso. Elle est mère de 5 enfants et redouble d’efforts pour subvenir à leurs besoins et les protéger. Mais la vie est dure. Marthe s’accroche pour nourrir ses enfants et les maintenir en bonne santé. Son mari est éleveur et l’un de leurs fils l’aide. Marthe cultive le potager familial et récolte et transforme les noix de karité, très recherchée pour la fabrication de cosmétique.
« Semer et stocker pour que mes enfants ne souffrent plus de la faim ». En 2011 Marthe a rejoint la MuSO de son village. Ce groupe de femmes se réunit régulièrement pour participer à une formation et gérer leurs trois caisses : une pour les microcrédits individuels, une pour les projets communautaires et une autre pour venir en aide à celle qui fait face à une difficulté importante.
Au sein de ce groupe, Marthe a bénéficié d’un crédit de 100 000 FCFA (152 €) pour acheter des arachides. Elle en a semé une partie et a stocké l’autre, pour la revendre quand elle peut en tirer un meilleur prix. Elle transforme les arachides en huile qu’elle revend sur le marché.
Marthe fait des bénéfices aujourd’hui et ne redoute plus le mois d’août et la faim qui habituellement sévit en cette période de soudure.
Avec les formations, elle a appris beaucoup de choses et a pris confiance en elle. Aujourd’hui, elle est rassurée sur sa capacité à élever, nourrir et scolariser ses enfants. Elle veut continuer à faire grossir son activité génératrice de revenu.
« Grâce aux MuSO on s’entraide et on affronte les difficultés ensemble »
Les femmes ont fait du micro-crédit un outil d’émancipation économique et sociale leur permettant de nourrir correctement les enfants et favoriser l’éducation, les soins de santé. Améliorer l’accès au crédit permet de développer des activités génératrices de revenus et au final mettre les femmes et leur famille à l’abri de la faim et de la pauvreté.
SOS Faim soutien 7 institutions de microfinances dans ses pays partenaires. Au Burkina Faso, elle appuie depuis 2011 l’Union des Baoré Tradition d’Epargne et Crédit (UBTEC) en vue de renforcer l’accès des populations rurales les plus vulnérables à des services financiers via les MuSO.