Kivu, 25 ans de microfinance !
Depuis 25 ans, SOS Faim soutient la microfinance en Afrique afin de permettre aux paysans de développer, de façon durable, leur activité agricole. Alors qu’ils pourraient nourrir le monde, les principales victimes de la faim sont les petits agriculteurs du Sud. Le manque d’accès au financement reste une contrainte majeure du développement des agricultures familiales.
SOS Faim fut le premier acteur luxembourgeois à soutenir la microfinance en tant qu’instrument de lutte contre la pauvreté comme le témoigne notre partenariat historique avec le PAIDEK. Cette institution financière est née en 1993 avec le soutien de SOS Faim dans les Provinces du Sud et du Nord Kivu à l’est du Congo.
Grâce au PAIDEK, des milliers d’entrepreneurs et de paysans ont bénéficié d’un crédit leur permettant de développer leur activité économique et ainsi relancer l’économie locale dans un contexte économique, social et politique très difficile et instable. Aujourd’hui, le PAIDEK c’est plus de 3.200.000 USD de fonds de crédit et une situation financière saine : malgré un contexte si difficile, le PAIDEK tient la route ! Et ce grâce à l’engagement et la persévérance des acteurs locaux mais aussi à SOS Faim et ses fidèles donateurs sans qui cette aventure n’aurait pas été possible.
Le micro-crédit pour relancer le système agricole local !
Coco a 33 ans. Il est né à Idjwi, une île du lac Kivu, à l’est du Congo. Comme son père, il cultive le café. Les conflits ont eu des conséquences importantes sur cette filière vitale pour l’économie de la région. « Nous n’avions plus la possibilité de vendre notre café au Congo. Nous étions forcés de traverser le lac pour troquer notre café dans le pays voisin, le Rwanda, contre des animaux et des biens de première nécessité mais c’était très dangereux : de nombreux amis sont morts sur le lac… ».
Le manque d’activité économique et de revenus a poussé les Congolais dans une profonde crise qui a eu de violentes répercussions. « Nous ne pouvions plus combler les besoins de notre famille, c’était très dur… ».
Mais Coco et les caféiculteurs d’Idjwi ont décidé de reprendre leur avenir en main ! Ils se sont réunis en coopérative pour commercialiser leur café ensemble. En 2012, la Coopérative de Planteurs et de Négociants de Café du Kivu (CPNCK) est ainsi née.
« En 2015, le PAIDEK nous a accordé un crédit pour financer la campagne de récolte de café et permettre le paiement immédiat des producteurs. Grâce à cela, nous avons pu exporter nous-même notre café sans passer par des intermédiaires tout en accordant un meilleur prix aux producteurs. Le café a été vendu en Europe et nous avons directement remboursé notre crédit » expliquent Coco et Gilbert Makelele, le Président de la coopérative.
Ces perspectives de vente ont donné du courage aux membres de la CPNCK qui n’ont désormais plus besoin de se rendre au Rwanda pour vendre leur café au péril de leur vie.
Mais la situation est encore très fragile : « L’année dernière, je n’avais plus d’argent pour payer l’école des enfants en attendant la récolte de café… J’ai donc sollicité un prêt au PAIDEK de 400$ pour planter plus de café, avoir de meilleurs outils et acheter une moto pour devenir chauffeur de taxi et diversifier mes revenus. »
Grâce à ce crédit, coco a pu améliorer son revenu et subvenir aux besoins essentiels de sa famille.
L’aide humanitaire, qui a massivement « arrosé » le Kivu, a eu des effets pervers terribles sur les populations locales. Le microcrédit permet aux paysans congolais de prendre en main leur propre développement et de ne plus déprendre de l’argent des bailleurs de fonds.
Pour aider le PAIDEK à desservir davantage de clients, avec l’appui financier de SOS Faim, la Fédération des Organisations de Producteurs Agricoles du Congo au Sud-Kivu (FOPAC-SK) a mis en place en collaboration avec le Groupe d’acteurs de microfinance du Kivu (GAMF) (dont le PAIDEK est membre) une formation à l’éducation financière dans le but d’aider les producteurs dans leur démarche d’accès au crédit (élaborer un dossier de financement, négocier avec une institution financière, gérer un crédit) et dans leur compréhension du marché financier et des institutions qui le composent.
Les organisations paysannes et les agriculteurs ne manquent pas de projets, d’idées et de dynamisme… par contre, ils manquent cruellement de moyens financier pour les mettre en place.
Sur le terrain, nos partenaires (GAMF, FOPAC-SK, PAIDEK) les aident à faire émerger des initiatives locales et relancer l’économie pour ne plus dépendre de l’aide d’urgence.
Une manière de les soutenir, c’est de faire un don à SOS Faim.