L’avant-projet du Code Pastoral discuté au Bénin

L’Association Nationale des Organisations Professionnelles d’Éleveurs de Ruminants a comme mission de défendre les intérêts de ses membres qui, pour la majorité, pratiquent une transhumance saisonnière. L’élevage transhumant est une pratique millénaire qui repose sur le principe de se déplacer au gré des saisons pour aller à la recherche de pâturages et de points d’eau disponibles. Cette pratique n’est pas sans poser quelques problèmes de concurrence avec les autres éleveurs et agriculteurs dits « sédentaires » pour l’accès aux ressources naturelles, et ce dans un contexte de croissance démographique très importante dans la sous-région. Ainsi au Bénin, pays d’élevage mais aussi d’accueil temporaire des éleveurs des pays environnants en quête de pâturages, les conflits entre éleveurs et agriculteurs sont très fréquents, pouvant dégénérer et entraîner parfois la mort du bétail ou même d’hommes.
Afin de limiter ce risque et de clarifier le cadre dans lequel s’exerce cette pratique, l’ANOPER a pris l’initiative de lancer un processus d’élaboration de code pastoral qui définisse les règles à respecter par les éleveurs transhumants et par les agriculteurs sédentaires, ainsi que les droits et devoirs de chacun. Le travail a été engagé il y a trois ans avec, notamment, des visites d’échanges au Niger et au Burkina Faso (deux pays frontaliers qui disposent d’un code pastoral).
A l’issue d’un processus de concertation élargi et inclusif dans tous les départements du Bénin, le comité technique chargé de la rédaction du code pastoral a présenté les 11 et 12 juillet dernier la première mouture de l’avant-projet de loi, aux membres de l’ANOPER et aussi au comité de supervision élargi. SOS Faim a eu la chance de participer à cette réunion qui rassemblait les représentants de l’ANOPER, d’organisations de producteurs, de membres du cabinet ministériel de l’agriculture, de l’élevage et des pêches, des services étatiques de l’Élevage et de personnes ressources diverses.
Les discussions ont été très pointues, les spécialistes se sont attardés sur les détails des définitions comme sur les enjeux clefs du projet de loi. Après de longues négociations, le comité technique a pu centraliser toutes les remarques. Il reprendra son travail afin de proposer, dans les prochaines semaines, un avant-projet définitif qui pourra être soumis à l’étude de l’Assemblée Nationale. Le travail de l’ANOPER se poursuivra alors pour expliquer et promouvoir ce code jusqu’à son adoption par les instances législatives et son application. La route sera encore longue pour notre partenaire mais le chemin parcouru est déjà très encourageant : il montre, si besoin en était, le rôle extrêmement positif et responsable joué par une organisation agricole professionnelle dans la recherche constructive de solutions à même de contribuer à l’édification d’une société démocratique et pacifié.