[Lettre ouverte] Conflits armés, crise sanitaire, changement climatique : vers une crise alimentaire majeure.

Cher.e.s ami.e.s de SOS Faim,

Madame, Monsieur,

Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa quatrième semaine et que nos regards restent tournés vers l’Est, ainsi que nos pensées vers les civils dont la vie est menacée, nous ne pouvons fermer les yeux sur une autre tragédie. Loin des bombes et de l’attention médiatique, une grave crise alimentaire mondiale s’installe et va s’intensifier dans les mois à venir et toucher avant tout les populations les plus vulnérables. Ces populations sont nombreuses en Afrique : sur un continent particulièrement exposé aux conséquences des changements climatiques, la crise socio-économique accentuée depuis deux ans par la pandémie de Covid-19, a provoqué une hausse de la faim.

282 millions de personnes souffrent de la faim en Afrique, soit 21% de la population.

Or, aujourd’hui nombre de ménages africains, précarisés par différentes crises, dont celle du COVID-19, sont sans ressources pour affronter l’augmentation actuelle des matières premières et des denrées alimentaires, observable sur tous les continents.

Vous l’avez remarqué dans vos porte-monnaies : tout augmente. Se nourrir n’a jamais été aussi cher. En janvier dernier, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) alertait sur un contexte global d’augmentation des prix des denrées alimentaires au niveau mondial. Le prix du blé a ainsi augmenté de 70% par rapport au début d’année, dépassant largement les pics de 2008 qui avaient contribué à déclencher un peu partout dans le monde des « émeutes de la faim ».

Parallèlement, les pays du Sahel ont connu en 2021 une très mauvaise campagne agricole en raison d’une saison des pluies déficitaire et des conséquences de la crise sécuritaire dans la région. Cela s’est traduit, fin 2021, lors des récoltes, par une baisse significative de leur production alimentaire, avec, par exemple, un déficit céréalier de 50 % au Niger, ce qui laisse augurer d’une grave crise humanitaire dans la région.

En plus de la hausse des prix sur le marché international et de la baisse de la production, la situation politique et sécuritaire en constante dégradation dans certains pays (Burkina Faso, Mali, Niger) augmente davantage encore la vulnérabilité des populations dans les pays partenaires de SOS Faim.

La situation est très préoccupante et l’instabilité et volatilité des marchés alimentaires mondiaux sont appelées à s’aggraver. La guerre en Ukraine pourrait limiter l’approvisionnement global en produits de base, tels que le blé, le maïs et l’huile de tournesol et provoquer ainsi une nouvelle flambée des prix.

Selon les dernières estimations, de 8 à 13 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de la faim dans le monde en raison des conséquences de la guerre en Ukraine.

Face à la peur des ruptures d’approvisionnement, les lobbies de l’agro-industrie défendent d’ores et déjà une agriculture intensive et productive, alors que celle-ci est dépendante d’intrants fossiles importés, néfastes pour la planète comme pour la souveraineté alimentaire.

Cette crise survient à un moment où les populations et les terres agricoles subissent déjà la pression du changement climatique. Le très récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) confirme que « le changement climatique exercera une pression croissante sur la production et l’accès aux aliments, en particulier dans les régions vulnérables, ce qui compromettra la sécurité alimentaire et la nutrition ».

Ces crises actuelles démontrent la fragilité de nos systèmes agricoles et alimentaires.

Des choix de société s’imposent pour nourrir les peuples de la planète, aujourd’hui comme demain. C’est le moment ou jamais de faire le choix de la durabilité et de la transition.

SOS Faim agit pour la transformation des systèmes agricoles et alimentaires, en soutenant des acteurs engagés en faveur de l’agriculture familiale durable et de la consommation alimentaire responsable.

Nous pouvons, grâce à vous, faire bouger les choses et promouvoir un modèle agricole et alimentaire durable. Plus que jamais, nous devons être solidaires pour faire face à ces crises aux conséquences dramatiques pour des millions de femmes, d’hommes et d’enfants.

En 2021, nous comptions 3.074 donateur-trice-s au Luxembourg. Serez-vous à nos côtés cette année ?

Dans ces temps incertains, j’espère que nous réussirons à construire, ensemble, un monde sans faim, plus juste et solidaire.

Raymond Weber, Président de SOS Faim
Cécile Havard, Responsable de la Récolte de fonds

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